Les édulcorants artificiels, bon ou pas ?

Les édulcorants artificiels, bon ou pas ?

nutrition Jan 07, 2020

Les édulcorants artificiels, bon ou pas ?

 

Il y a plusieurs écoles de pensées concernant l’utilisation des édulcorants artificiels. D’une part, il y a ceux qui prône le fait qu’ils sont néfastes pour la santé, voir toxique/cancérigène. De l’autre côté, il y a ceux qui encourage leur utilisation lors d’un régime de perte de poids, pour couper les calories reliées au sucre sans pour autant couper le petit gout sucré. Il devient donc difficile de se faire une tête par rapport aux édulcorants puisqu’il ne semble pas y avoir un consensus clair à ce sujet. Dans cet article, je vais tenter de vous éclaircir par rapport aux effets bons ou mauvais des édulcorants sur votre santé.

 

Qu’est-ce qu’un édulcorant artificiel ?

 

Les édulcorants artificiels sont des produits de synthèse. Le terme édulcorant signifie << adoucir >> et le terme artificiel provient du fait qu’ils sont des produits issus de laboratoires, donc de synthèse. Ce sont donc, des substances produites en laboratoire qui imitent le goût sucrant du sucre, en ayant comme particularité de ne pas posséder les calories associées au sucre. (Sauf pour l’aspartame : 4 calories par gramme). 

 

Les sortes d’édulcorants artificiels :

 

Succédanés

Où on le retrouve souvent

Dose journalière acceptable mg/kg

Acésulfame de potassium

Sunett

15

Aspartame

NutraSweet, Egal/Equal, Canderel

40

Cyclamate

Sucaryl, Sweet’n Low, Sugar Twin

11

Saccharine

Hermesetas

5

Sucralose

Splenda

9

 

Les édulcorants énumérés plus haut sont les édulcorants les plus susceptibles d’être connus, il y en a plusieurs autres comme par exemple, l’alitame, le néotame etc. Malgré la diversité des édulcorants artificiels, seulement l’acésulfame de potassium, l’aspartame, le sucralose et la saccharine ont été étudié en profondeur.

 

Sont-ils toxiques ?

 

Aspartame :

 

L’aspartame est l’un des édulcorants les plus utilisé et controversé. Il est un dipeptide composé de deux acides aminés naturels, l’acide L-aspartique et la L-phénylalanine, sous forme d’ester méthylique. L’aspartame est métabolisé par le tractus gastro-intestinal en acide aspartique, phénylalanine et en méthanol. Le fait que l’aspartame est métabolisé en méthanol n’est pas inquiétant, car la quantité normale d’aspartame dans une boisson diète par exemple, produit beaucoup moins de méthanol que certains autres aliments. La plus grande controverse qu’il y a eu avec l’aspartame qui a rendu les gens inquiets à propos de cet édulcorant, est le fait que les rats et souris exposés à l’aspartame ont développé diverses formes de cancers. Bien que les rats et les souris possèdent beaucoup de similarités métaboliques avec l’humain, il y a également beaucoup de différences. C’est donc pour cette raison que le risque de cancers est écarté avec l’utilisation modérée (Dans les doses journalières recommandés par Santé Canada) de l’aspartame.  

 

Le seule vrai risque immédiat pour la santé relié à l’aspartame concerne les gens qui sont nés avec une maladie rare, la phénylcétonurie. Ces gens ne devraient jamais consommer d’aspartame. Pour les gens en bonne santé, les seuls effets secondaires répertoriés sont des maux de tête/migraine, des étourdissements, et des troubles d’ordre gastrointestinal. De plus, les effets sont négligeables sur le niveau d’insuline.

 

Sucralose :

 

Le sucralose est un des plus récents édulcorants artificiels ainsi que le plus populaire. Le sucralose contrairement à plusieurs édulcorants, ne possède aucun arrière-gout. Il est composé d’une molécule de sucrose chimiquement modifié qui la rend indigérable, ce qui lui permet de passer à travers pratiquement tout le corps sans jamais changer sa structure moléculaire. La plupart du sucralose consommé est évacué par le corps sous forme de déchet et environ 11% à 27% est absorbé par le système circulatoire sanguin par l’entremise du tractus gastrointestinal, retiré du sang par les reins et ensuite évacué du corps par l’urine. Le sucralose est considéré comme non-cancérigène et est sans danger pour une utilisation à long terme puisqu’il ne produit apparemment aucune toxicité dans le corps, selon les études. Même s’il est considéré comme sans danger, il possède malgré tout quelques effets négatifs comme des migraines et il peut également détruire les bonnes bactéries intestinales ce qui peut potentiellement mener à des troubles du système gastrointestinal et a une maladie intestinale inflammatoire, pour les personnes sujettes à ce type de maladie.

 

Acésulfame de potassium :

 

Le corps ne métabolise pas du tout l’acésulfame de potassium, c’est pour cela qu’il ne contient aucune calorie.  Un sous-produit de l’acésulfame de potassium lorsqu’il est décomposé dans le corps est l’acétoacétamide, qui est reconnue pour être toxique à forte dose. Cependant, l’acétoacétamide produite dans une cuillière d’acésulfame de potassium est loin en-dessous du niveau de danger pour l’être humain. Donc, si sa consommation reste en quantité raisonnable (dans la dose journalière recommandé par Santé Canada) l’acésulfame de potassium est selon les études, sans réel danger pour l’être humain.  

 

Saccharine :

 

La saccharine est de moins en moins populaire principalement en raison d’un arrière-goût désagréable. Si vous êtes un rat, ne consommez pas de saccharine car, elle est toxique pour vous. Elle vous causera des cancers à forte dose! Ces études dans les années 70, ont effrayés plusieurs personnes. Il faut comprendre qu’il faut une ÉNORME quantité de saccharine dans les rats pour leur causer de tels maladies et comme mentionné plus haut, même si les rats nous ressemblent beaucoup sur plusieurs points, ils sont tout autant différent sur d’autre, c’est donc difficile d’établir une corrélation entre les maladies chez le rat VS chez l’humain. Pour mettre le tout en perspective, il faudrait environ 284 litres de soda diète sucré à la saccharine pour causer les mêmes effets que dans les rats des études des années 70. Bref, il n’y a pas de corrélation directe établie entre la consommation de saccharine et certaines formes de cancer chez l’humain.

 

Est-ce que les édulcorants artificiels amènent une intolérance au glucose ?

 

Récemment dans les médias, une grosse campagne contre les édulcorants artificiels à été faite en raison des résultats d’une étude effectué sur des rats. Cette étude démontrait que lorsqu’on administrait de fortes doses de saccharine à des humains et qu’on transplantait leurs matières fécales dans deux rats, les matières fécales causaient une altération des microbes situés dans les intestins des rats. Cette altération de microbes amenait les rats vers une tolérance au glucose amoindrie. Le problème avec cette étude est que l’échantillonnage est vraiment petit, donc difficile de vraiment pouvoir s’y fier et il faudrait également beaucoup plus d’étude sur le sujet pour pouvoir en tirer de vraies conclusions tangibles. De plus, l’étude a été portée seulement sur la consommation de saccharine. Nous ne savons donc pas si ce phénomène s’applique aux autres édulcorants. Pour l’instant, la conclusion qu’on peut tirer des études faites sur les édulcorants est qu’ils n’impactent pas la production d’insuline et donc, ne sont pas dommageable pour la sensibilité à l’insuline.

 

Et les autres édulcorants eux ?

 

Les sucres-alcools :

 

Il y a une distinction à faire entre les sucres-alcools et les édulcorants de synthèse énumérés plus haut. Les sucres-alcools, ou communément appelé les polyalcools ou polyols (maltitol, sorbitol, mannitol, xylitol, isomalt) sont un peu plus naturel car, malgré qu’ils soient eux aussi synthétisés en laboratoire, ils proviennent à la base de sucre naturel végétal. Les sucres-alcools ne sont pas vendu comme édulcorant de table mais plutôt directement dans les friandises, chocolats, gommes, crèmes glacées etc. Les sucres alcools sont reconnues pour être sans danger pour l’humain et ils ont peu d’impact sur la glycémie (d’où la raison de leur présence dans les aliments destinés aux diabétiques). Cependant, un peu comme les édulcorants de synthèse, lorsque consommé en grande quantité, ils peuvent entrainer des troubles gastro-intestinaux.

 

Le stévia :

 

Le stévia est un édulcorant naturel issu d’un petit arbuste originaire de l’Amérique du Sud (stevia rebaudiana). Il est le seul édulcorant qui pourrait être considéré comme un choix santé. Le stévia n’est associé à aucun effet secondaire. Au contraire, certaines études démontrent que le stévia peut abaisser un peu la pression chez les personnes atteintes d’hypertension, qu’il augmente un peu la sensibilité à l’insuline et abaisse légèrement le niveau d’insuline dans le corps. Les glycosides de stéviol (agent sucrant extrait des feuilles de stévia) ont un effet anti-inflammatoire et anti-oxydatif lorsqu’il est ingéré en petites doses. Ces effets anti-inflammatoire et anti-oxydatif ont comme impacte une protection des reins, du pancréas, du foie et du cerveau. Le stevia est donc considéré comme l’édulcorant artificiel le plus sûr en raison de son origine naturelle et son absence de toxicité.

 

Est-ce que les édulcorants artificiels favorisent une prise de poids ou l’obésité ?

 

Lorsqu’on consomme des édulcorant artificiels, quel qu’il soit, nous n’avons pas une augmentation de notre apport en calorie ou en glucide dans la journée puisque, pour la plupart, ils ne sont pas assimilables par le corps lors de leur digestion. Le problème soulevé dans les études est que le fait de consommer un aliment au goût sucré sans la charge glucidique qu’elle devrait transporter amène le corps à changer sa réponse physiologique envers ces aliments. Lorsqu’on mange un aliment au gout sucré, le goût sucré détecté par nos papilles gustatives envoient un signal à notre cerveau qui modifie notre appétit, notre dépense énergétique, la vitesse de notre métabolisme ainsi qu’une sécrétion d’endorphine. Après avoir mangé quelque chose de sucré, nous avons une réponse neuroendocrinienne qui amène une réduction de l’appétit et une augmentation de la dépense énergétique. Comme dans l’histoire de l’enfant qui criait au loup, le cerveau fini par ne plus croire au stimulus des papilles gustatives envers un gout sucré ce qui en résulte une réduction de la réponse physiologique normale du corps envers un aliment au goût sucré. Cette réduction de la réponse physiologique favoriserait une prise de poids.

 

Donc, devons-nous les éviter à tout prix ?

 

Comme nous pouvons en conclure, les édulcorants artificiels consommés à dose modérée ne représente pas de réel danger au niveau de la toxicité. Les seuls effets secondaires répertorié sont des maux de tête/migraine la plupart du temps. Ils ne présentent pas non plus de danger pour la résistance à l’insuline. Ils ont en fait, deux problèmes qui devraient attirer d’avantage notre attention. Le premier étant que les édulcorants artificiels peuvent modifier la réponse physiologique de notre corps face à l’ingestion d’un aliment au gout sucré, ce qui peut apporter des problèmes de prise de masse adipeuse. Le second étant que tous les édulcorants artificiels peuvent apporter un changement au niveau du microbiote intestinal. En effet, un débalancement au niveau du microbiote peut avoir de graves impactes à long terme.

 

Rôle du microbiote :

  • Aide à digérer certains aliments que l’intestin et l’estomac n’aurait pas digérer
  • Aide à la production de certaines vitamines (B et K)
  • Aide à combattre certaines agressions provenant d’autres micro-organismes, en maintenant l’intégrité de la muqueuse intestinale
  • Joue un rôle important pour le système immunitaire en agissant comme barrière
  • Un microbiote en santé est la clé pour une digestion optimale
  • Un microbiote altéré peut entrainer une prise de poids (par la dysbiose)
  • Peut affecter la santé intestinale lorsqu’il est altéré
  • Peut affecter la santé du cœur lorsqu’il est altéré (augmente le taux de HDL et de triglycérides lorsqu’il est en santé)
  • Aide a contrôlé la glycémie et abaisser le risque de diabète
  • Peut affecter la santé du cerveau

 

Donc, lorsqu’on possède un microbiote altéré par les édulcorants artificiels, on peut voir qu’on a un potentiel élevé de problèmes connexes à long terme. En revanche, le stévia est la seule source d’édulcorant qui semble être sans danger pour le microbiote et il est en plus un anti-oxydant et un anti-inflammatoire.

 

Mon conseil :

 

Je ne crois pas qu’il faille absolument couper complètement les édulcorants artificiels de notre alimentation. Comme n’importe quoi, la modération à bien meilleur goût. Il faut en revanche, prendre en considération qu’on retrouve des édulcorant artificiels dans plusieurs produits de nos jours. Boissons énergisantes, boissons diètes, suppléments (protéine, pré-workout, bcaa, etc.), desserts faibles en calories, dentifrices, rince bouches, etc. Donc, être conscient de leur omniprésence peut nous aider à faire de meilleurs choix.

 

  • Si vous utilisez des édulcorant artificiel, utilisé les sporadiquement dans votre semaine au lieu de constamment en consommer.
  • Si vous pouvez, utilisé du stévia, un édulcorant naturel au lieu des édulcorants artificiels classiques.

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Références :

 

  1. Francisco Javier Ruiz-Ojeda, Julio Plaza-Díaz, Maria Jose Sáez-Lara, Angel Gil, Effects of Sweeteners on the Gut Microbiota: A Review of Experimental Studies and Clinical Trials, Advances in Nutrition, Volume 10, Issue suppl_1, January 2019, Pages S31–S48,

 

  1. Sharma A, Amarnath S, Thulasimani M, Ramaswamy S. Artificial sweeteners as a sugar substitute: Are they really safe?. Indian J Pharmacol 2016;48:237-40

 

  1. A Bitter Aftertaste: Unintended Effects of Artificial Sweeteners on the Gut Microbiome, Nicholas A. Bokulich, Martin J. Blaser

 

  1. A Trial of Sugar-free or Sugar-Sweetened Beverages and Body Weight in Children Janne C. de Ruyter, M.Sc., Margreet R. Olthof, Ph.D., Jacob C. Seidell, Ph.D. and Martijn B. Katan, Ph.D.

 

  1. Experience with the high-intensity sweetener saccharin impairs glucose homeostasis and GLP-1 release in rats, Susan E. Swithers, Alycia F. Laboy, Kiely Clark, Stephanie Cooper, and T.L. Davidson

 

  1. Artificial sweeteners—do they bear a carcinogenic risk?, M. R. Weihrauch, Diehl
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